Compte-rendu (abrégé) de la conférence Delacroix

Publié le 30 Avril 2019

Bonjour à toutes et à tous,

 

La conférence de Mme Nicole Tamburini a tenu toutes ses promesses, tant par son contenu très détaillé que par la conférencière elle-même qui a réussi à captiver un auditoire venu nombreux malgré une pluie diluvienne sur Saint-Flour.

 

 

« Le tempérament, c’est l’arbre ; les œuvres n’en sont que les fleurs et les fruits » Ainsi parle Alexandre Dumas quand il fait référence à Eugène Delacroix. De son enfance porteuse d’ombre et de lumière et de ses racines plongées dans la terre rouge sang de la Révolution.

 

 

Delacroix est un génie du siècle. Un artiste qui ne laisse personne indifférent, suscitant sans cesse le débat. Considéré comme le premier des Modernes, il plongera les critiques d’Art dans des questionnements sans fin : était-il un Classique ou un Romantique ?

 

 

 

 

Qui est Eugène Delacroix ?

 

 

Quatrième enfant de Charles Delacroix, député de la Marne sous la convention, ministre des Relations extérieures sous le Directoire, et de Victoire Œben, Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix naît le 7 floréal An VI (26 avril 1798) dans une grande maison bourgeoise à Charenton Saint-Maurice.

 

 

Très jeune, il est attiré par la musique. Ses talents le font remarquer de l’organiste de la Cathédrale de Bordeaux, mais la mort de son père en 1805 contrariera ce destin, pas seulement la musique, mais aussi l’écriture et la littérature.

 

 

De retour à Paris, sa mère l'inscrit au lycée impérial, l’actuel Louis-Le-Grand. Il y apprendra le grec et le latin, il lira Horace, Virgile, Racine, Corneille et Voltaire… Mais il griffonne avec force montrant des croquis nerveux s’attachant aux mouvements. Baudelaire, son ami, dira plus tard qu’il est : «... le contraire d’une camisole de force... »

 

 

Depuis l’âge de neuf ans, Eugène se rend régulièrement au Louvre. Rubens, Michel-Ange, Le Tintoret et Titien sont pour lui des trésors de peintures qu’il étudie dans leurs moindre détails.

 

 

A dix-sept ans, il entre dans l’atelier de Guérin, enseignant les principes néo-classiques. Il s’applique aux interminables séances de nus, de drapés ou de moulages. Peut-on alors imaginer le scandale qu’il suscitera quelques années plus tard ?

 

 

En 1816, il entre à l’école des Beaux-arts où il se forme aux techniques de l’aquarelle.

 

 

En 1822, sans un sou, peignant jusqu’à douze heures par jour, il expose la barque de Dante au Salon. Composition ambitieuse et lumineuse pour un tableau à sujet littéraire grand format. C’est un succès total pour ce peintre inconnu. La critique remarquera la parenté avec le radeau de la méduse de Jéricho. Ce dernier étant décédé, cette même critique installera Delacroix dans le genre romantique, mais lui s’affirme classique.

 

 

En 1824, toujours au Salon, Delacroix s’engage politiquement en décrivant le conflit turco-grec (le massacre de milliers de grecs sur l’île de Scio par les turcs). C’est une scène de peinture contemporaine à son époque. On sait qu’ayant découvert John Constable, paysagiste britannique et sa technique de la lumière naturelle, magnifiant la campagne anglaise, il modifiera le ciel de son tableau pour y créer une atmosphère réaliste.

 

 

 

Il expose également la même année la jeune orpheline au cimetière dont le regard profond exprime cette détresse.

 

 

En 1827, il peint la mort de Sardanapale, œuvre romantique reprenant dans ses excès l’érotisme, le théâtralisme et l’exotisme. Fait insolite, ce tableau lors de son exposition au Salon défiera le néo-classicisme d’Ingres qui présentait Apothéose d’Homère.

 

 

1830, les Trois Glorieuses, la révolution de juillet et la chute de Charles X. Delacroix est dans la garde de protection des œuvres des Musées.

En 1831, au Salon il expose la Liberté guidant le peuple. Sujet moderne de la barricade, les critiques se déchaîneront. Ils estiment inadmissible cette figure de la Liberté au buste dénudé, à la pilosité apparente. L’état ne s’y trompe pas, ce tableau est de suite acheté et envoyé au musée pour être exposé à tous les publics.

 

 

Fin 1931, il accompagne une mission diplomatique d’observation au Maroc (la France en début de colonisation de l’Algérie veut s’assurer des intentions du Maroc). Ce voyage marquera à jamais Delacroix qui remplira sept carnets de croquis et d’aquarelles dont quatre nous sont parvenus. Libéré de toutes contraintes stylistiques, ses notes et croquis se succèdent sans ordre. Tous n’est que couleurs, lumière et sensations. Toute sa vie restant, il puisera dans ses carnets pour peindre. Il dira du Maroc qu’il est l’Antiquité vivante.

 

 

Les années 1833 et suivantes verront les commandes d’État : les plafonds du Palais Bourbon, de la Bibliothèque de l’Assemblée Nationale, de la salle de lecture du Sénat… Ces travaux grandioses et fatiguant ne l’aideront pas à combattre la maladie avec des hémoptysies à répétition, le 13 août 1863 il décède dans sa maison de Champrosay.

 

Bibliothèque de l'Assemblée Nationale

 

L’influence de Delacroix inspirera  les plus grands maîtres tels :

 

Paul Signac (le pointillisme) Vincent Van Gogh (la couleur). Edouard Manet copiera plusieurs de ses tableaux dont la célèbre barque de Dante.

 

Fantin-Latour lui rend hommage dans une toile où il réunit tous les amis de Delacroix (Baudelaire, Manet, Whistler...)

 

 

 

Pour conclure,

 

Cet immense peintre dont l’œuvre oscille entre le classicisme et le romantisme a su par sa création picturale donner une place et un rôle à l’artiste dans la société.

 

La conférence traitait aussi des liens de Delacroix avec Georges Sand, Théophile Gautier, Charles Baudelaire et Chopin. De ses toiles animalières, champêtres ou florales. De son esthétique naturaliste. De ses écrits et de son journal : chronique d'une époque, d'une réflexion sur l'Art, carnet de compte et de bien d’autres choses encore.

 

Une conférence avec Nicole Tamburini est une immersion totale dans l’œuvre d’un artiste. Une longue ovation lui a été décernée récompensant sa vision d'Eugène Delacroix.

 

Pour plus d’informations, nous vous conseillons ce petit livre : Delacroix – Une fête pour l’oeil d’Arlette Sérullaz et Annick Doutriaux – Ed. Découvertes Gallimard n°347 (au prix de12€)

 

Un site internet : http://www.musee-delacroix.fr/fr

Rédigé par Société des Amis du Musée de la Haute Auvergne

Publié dans #Conférences

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