La conférence de Mme Françoise Maury-Fernandez

Publié le 22 Janvier 2019

La conférence de Mme Maury-Fernandez sur la confiscation des œuvres d'art en France par les nazis, a attiré un grand nombre de sanflorains curieux d'en savoir un peu plus sur cet épisode de la seconde guerre mondiale.

Après une introduction balayant le contexte historique de cette période et sa restitution dans notre époque par des exemples tel que : le film Monument Men, l'affaire Cornelius Gurlitt, possesseur de près de 1000 œuvres d'art, d'une provenance douteuse, notre conférencière s'en est tenue à nous décrire une étude du processus de confiscation mis en place par les nazis, à ses fondements idéologiques, à ses acteurs et aux conséquences durables sur le marché de l'art.

Les trophées de guerre restent une vieille pratique dont on retrouve les traces depuis la Haute-Antiquité, en Égypte, en Grèce ou à Rome. Chaque triomphe est suivi d'un pillage systématique de tout ce qui possède une valeur, l'or bien sûr, mais aussi les meubles, tableaux, sculptures...

Plus près de chez nous, Napoléon ne se privera pas de piller l’Égypte, l'Italie, la Russie.

Le contexte particulier de la seconde guerre mondiale par son déluge de feu et sa capacité de destruction mettra en évidence l'obligation de sauver les œuvres d'art. Le premier exemple vient du musée du Prado en Espagne qui évacuera ses collections en Suisse pendant la guerre d'Espagne (1936/1939)

Jean Zay, alors ministre en 1936, rédige une circulaire posant les règles du repliement : ... dans les départements les plus voisins de la frontière, il permettra l'évacuation des objets d'art vers un département plus lointain...

Ainsi pour ne citer que celui-là, à Brissac dans l'Aveyron, la Joconde restera cachée de 1943 à 1945  dans l'Abbaye de Loc Dieu.

Paris, première place mondiale du commerce de l'art devient la convoitise des nazis. Le pillage des œuvres d'art se nourrit alors d'un esprit de revanche et d'un projet idéologique. Préparé à l'avance, avant la guerre elle-même, le rapport Kummel (conservateur des musées nationaux allemands) inventorie toutes les œuvres représentatives du génie germanique et susceptibles d'en soutenir l'idéologie.

Pour les allemands, il s'agit de réparer l'affront qu'a été la signature du Traité de Versailles en 1919. Ils tenteront d'en récupérer le document original, mais aussi de reprendre ce que les pillages napoléoniens leurs ont soustrait : un autoportrait de Rembrandt, 7 tableaux de Durer, le Danaé du Tintoret... soit au total près de 1800 œuvres.

La France sera le pays le plus pillé d'Europe, 233 collections particulières appartenant à des juifs, 100 000 œuvres d'art, 500 000 pièces de mobilier et plus d'un million de livres et manuscrits auraient été dérobés.

Le maréchal Hermann Goering, numéro 2 du régime nazi, avide d'art, fera ses emplettes en se rendant pas moins de 20 fois au musée du Jeu de Paume devenu le lieu de stockage des tableaux volés. Sélectionnant plus d'un millier de tableaux, il les fera acheminer en Allemagne dans l'un de ses quatre trains privés.

Une personne, Rose Valland, travaille dans ce musée. elle note jour après jour les mouvements des œuvres d'art expédiées en Allemagne. Grace à son travail, elle permettra le retour de milliers de pièces dont certaines sont retrouvées dans leurs emballages d'origines.

Il reste des questions que personne ne peut trancher. Notre conférencière nous invite à réfléchir sur la valeur d'une vie humaine et la valeur d'une œuvre d'art. La résistance française organisera de façon méthodique le blocage de plusieurs trains en partance pour l'Allemagne, trains remplis d’œuvres d'art, mais elle n'a jamais saboté de trains contenant des humains en partance pour les camps de concentration. Il ne s'agit pas de porter un jugement qui resterait sans grandes valeurs au regard de la temporalité, mais la question reste ouverte et elle nous invite à nous retrouver pour une autre conférence afin de mieux comprendre comment s'est fait la restitution des biens juifs, ses réussites, ses combats, ses méandres et ses zones sombres.

Pour les sources et approfondir nos connaissances, voici une bibliographie iconographique.

En vous souhaitant une bonne lecture.

 

 

 

La conférence de Mme Françoise Maury-Fernandez
La conférence de Mme Françoise Maury-Fernandez
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Rédigé par Société des Amis du Musée de la Haute Auvergne

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