La conférence GAUGUIN L'ALCHIMISTE

Publié le 28 Avril 2018

C'est un très grand plaisir de retrouver Mme Tamburini, historienne de l'Art qui était venue nous parler d'un Gauguin plus intime.

Pénétrer au plus profond du processus créatif, observer sa progression et son évolution de tableaux en tableaux. Avancer avec lui dans sa recherche permanente du secret de la couleur, tel un alchimiste s'acharnant à transformer le plomb en or.

Gauguin est avant tout un amoureux des matières qu'elles soient: toiles, bois, céramiques. En cette fin du 19ème siècle, où le mystère, l'ésotérisme et le japonisme fascinent les écrivains et les artistes, Gauguin s'inscrit pleinement dans ce mouvement, lui permettant d'expérimenter une recherche unique et originale.

Quelques points essentiels :

Paul Gauguin est né en 1848 et mort en 1903. Il décide d'être artiste à plein temps à l'âge de 35 ans, soit une carrière artistique de 20 années seulement. Mais quelle carrière!  Parsemée d’œuvres en quantités et qualité.

Notre conférencière nous propose et nous recommande vivement la lecture d'un ouvrage de Mario Vargas Llosa intitulé - un paradis un peu plus loin - mettant en scène Flora Tristan, née en avril 1803, militante féministe et ouvriériste, fille d'un officier péruvien au service du roi d'Espagne. Un siècle plus tard, le 8 mai 1903, son petit-fils Paul Gauguin meurt dans sa case aux îles Marquises. Au-delà du curieux rapport entre les deux dates et du lien de parenté, ce sont les vies de ces deux personnages qui dans un destin parallèle nous offre la dimension tragique de leur quête de l'absolu. Ils iront jusqu'au bout et paieront cher le prix de leur audace. Le titre de cette histoire nous indique qu'il leur fallait aller toujours plus loin.

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Engagé à 17 ans comme marin, il devient agent de change en 1840 et se marie en 1873 à une danoise Mette-Sophie Gad dont il aura 5 enfants.

Sa situation financière lui permet de pénétrer le mouvement des impressionnistes. Il achète et collectionne les œuvres de Monet, Renoir, Sysley, Degas, Pissaro, Cassatt. Il devient ami de Degas et Pissaro. Ce dernier sera son mentor, lui permettant d'acquérir le sens de la lumière de plein air, de donner une luminosité à ses couleurs et de travailler son indépendance hors de toute convention.

C'est le krach de 1882 qui le décidera à devenir artiste à plein temps et à peindre tous les jours. Sa situation financière ne tarde pas à se dégrader. Il quitte Paris, s'installe à Rouen et huit mois plus tard quitte la France pour s'installer, avec ses cinq enfants, dans la famille de son épouse au Danemark.

Incompris de sa belle-famille, il décide de revenir vivre à Paris avec son fils Clovis. Il le peint "Clovis endormi" introduisant un élément disproportionné (la chope) et le rêve (fond bleu) dans une recherche cherchant à s'affranchir du réel.

 

En juillet 1886, il part pour Pont-Aven en Bretagne. Sa rencontre avec Emile Bernard (peintre et écrivain) l'oriente vers un style "le cloisonnisme". Technique picturale cernant chaque plan de couleur par une fine cloison approchant la technique du travail sur vitraux.

Dans le tableau "La vision après le sermon" qui est une œuvre majeure allant dans le sens de la simplification, on observe les délimitations de couleurs, l'absence d'ombres dans un refus du relief et de grands aplats. Ce tableau rompt avec le style classique, en introduisant la réalité en bas à gauche et le rêve en haut à droite.

Par ce style "symbolique", il s'oppose de manière frontale à l’impressionnisme dont il dira :" ...c'est bas de plafond, il est enfin temps que la peinture représente des idées, des sentiments, des sensations et du rêve..."

Ce tableau datant de 1888 enfreint le principe de réalité stricte en vigueur depuis Courbet par l'introduction d'un élément imaginaire

 

 

Son escape à Arles où il part retrouver Vincent Van Gogh lui permettra de produire des œuvres lumineuses; L'une d'elle "Les lavandières"; s'en écarte, elle peut-être considérée comme un tableau à la limite de l'abstraction.

 

En 1891, départ vers Tahiti. Il veut retrouver un monde de pureté, un monde où la nature est primordiale, non polluée par l'homme. Il veut un ailleurs.

Malheureusement, Tahiti ne tient plus du rêve, la présence française y est forte. Les missionnaires, au nom de l'église, ont placé des interdits sur les traditions (interdiction de la nudité, des tatouages...) Cette civilisation qu'il croyait avoir laissé au-delà des mers lui fera dire dans son ouvrage Noa-Noa: ... Avoir fait tant de chemin pour trouver cela même que je fuyais!...

Dans cet "ailleurs" malgré sa déception Gauguin fait œuvre d'ethnologue en manifestant une grande curiosité pour la culture maori, sujet qu'il utilisera dans ses tableaux.

Il achète des bols en bois sur lesquels il sculpte des motifs en forme de tatouages. Il reporte des motifs disparus et tente de réintroduire une tradition oubliée des tahitiens aux-même.

Il s'affranchit de son style occidental en retrouvant un style primitif où la couleur envahit ses toiles. Dans une grande liberté il peint la nature tel qu'il se la représente (sol pourpre, sable rose...)

 

 

La conférence GAUGUIN L'ALCHIMISTE

Il quitte Tahiti car il s'est mis toute la communauté française à dos. Il part s'installer aux Marquises, achète un terrain et construit une case appelée "Maison du jouir"  C'est un pied de nez aux moralistes de tout poil. Il meurt en 1803 laissant une œuvre multiple (tableaux, sculptures, gravures, céramiques, publications, correspondances et carnets)

 

Les linteaux de la maison du jouir de Paul Gauguin - Exposition du Grand Palais Paris 2018

 

Mme Tamburini nous a fait parcourir ce long chemin de la création avec Gauguin. Notre meilleur remerciement, hormis des applaudissements fournis, a été en la présence d'une centaine de personnes venus l'écouter.

Une fois encore, ce petit résumé, ne retrace pas l'intégralité de sa conférence. Pour rappel, les conférences de la SAMHA sont gratuites, donc n'hésitez pas à venir et vous pouvez toujours nous contacter : http://samha15100@gemail.com

A bientôt

Rédigé par Société des Amis du Musée de la Haute Auvergne

Publié dans #Conférences

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